Morale: bien ou mal ?

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L’évolution de la morale, du bien, du mal, à travers le temps, et le rapport de l’homme avec « Dieu ». Et enfin, avons-nous besoin de la morale ?

Première étape, apparition de l’homme.
Faisons simple pour voir l’évolution du rapport de l’homme avec la notion du bien et du mal. 
Au départ, l’homme agit sans se poser de question, un acte bon ou mauvais, un résultat qui satisfait l’homme, nous sommes proches d’un comportement instinctif, animal, violent et non réfléchi.

Le bien et le mal, ce n’est pas son affaire, il a des besoins, c’est tout.

Seconde étape, l’homme observe.
L’homme s’intéresse aux signes du destin, la foudre, l’animal sauvage, la malchance, la chance. Toutes ces choses, il ne peut pas les expliquer, alors elles ne peuvent être le fait que d’Êtres cachés, d’une grande puissance, et d’une grande influence.

Le bien et le mal sont régis par une puissance supérieure

Troisième étape, l’homme se socialise.
La socialisation et la vie en groupe amènent la comparaison avec autrui, mais surtout, certains actes peuvent avoir des conséquences sur la vie ou l’environnement d’un congénère. Le chef de bande impose des règles pour la vie en communauté, c’est le début du bien et du mal. Seulement, l’homme n’a pas conscience d’être à l’origine du mal, et la responsabilité en revient aux divinités qui se jouent de nous en toutes circonstances. 
L’observation et l’expérience font que les populations croient savoir ce qui satisfait les dieux et les offrandes font leur apparition. 
Ainsi, le peuple sacrifie pour gommer les péchés qu’il commet. Malheureusement, le système est caduc.

Primo, les cas isolés ne sont pas concernés, si on veut tuer, il vaut mieux faire parti d’une tribu barbare (ou encore de nos jours, être intégriste d’une religion quelconque), sinon, la communauté dont vous faites parti ne verra pas d’un bon œil que vous provoquiez les dieux de façon inconsidérée – les victimes et vous-même n’êtes pas le problème, ce sont les conséquences divines de vos actes qui en sont un.

Secundo, le plus souvent, pour obtenir la bienveillance du Ciel et de la Terre, le peuple subit l’influence, d’un homme plus malin que les autres, le sorcier. Cet homme se retrouve avec tous les pouvoirs et même celui de l’exclusivité de tuer pour réaliser des sacrifices humains.

Ce pouvoir est convoité, et la crainte des dieux est remise en cause.

Le mal provient de la puissance supérieure, et l’homme s’en protège en la satisfaisant comme il peut, ainsi il obtient le bien par défaut ; tout ce qui ne provoque pas la colère des dieux est bon à faire.

Quatrième étape, les religions.
La notion de pouvoir existe depuis toujours dans les civilisations, mais au départ, ce pouvoir était obtenu par la force. Alors, certains hommes ont l’idée de rassembler la population autour d’un dieu unique, les monothéistes, ou d’un ensemble de divinités cohérent, les polythéistes. Tout est basé sur la notion du bien et du mal. Les dieux ont dicté les préceptes à respecter, les hommes d’Église sont là pour expliquer et transmettre ces paroles. Toute la finesse du système repose sur le fait que l’homme est faible, perfectible, alors que les dieux, eux, sont parfaits. Les dieux ne font plus peur, en revanche ils sont les gardiens d’un lieu sacré auquel on accède après la mort. En effet, les siècles passent, et l’homme se rend bien compte qu’il n’y a pas d’intervention divine, il peut expliquer la plupart des événements climatiques ou naturels. Alors que le sorcier jouait sur la peur, en faisant deux ou trois tours de magie avec un peu de physique appliquée, l’homme d’Église impressionne l’homme sur des points difficilement vérifiables, la vie après la mort. Donc, l’homme n’a plus peur des dieux dans la vie de tous les jours, mais il croit que ce qu’il y a après la mort dépend des dieux. Les dieux ne sont plus des manipulateurs, mais des juges. L’homme est responsable de ses actes, qu’ils soient bons ou mauvais. L’homme d’Église s’immisce entre l’homme et le dieu, et il se donne le pouvoir de pardonner. L’homme se soumet au concept du bien et du mal par conviction. Petit problème cependant, il peut devenir mauvais par conviction.

On choisit de faire le bien pour accéder au royaume céleste, si on s’en moque libre à chacun de faire le mal.

Cinquième étape, le pouvoir du peuple.
Les textes religieux ont été écrits il y a plusieurs siècles, aujourd’hui on les interprète, et les hommes d’Église veulent se partager la part de pouvoir qu’ils ont sur les hommes. Alors, on voit apparaître divers courants, plus ou moins intégriste ou progressiste, et l’homme n’y croit plus, il voit qu’il n’y a plus d’unité, il ne sait plus qui a raison, la science explique tout, l’homme n’a plus peur de rien, parfois il se prend pour ce dieu auquel il croyait jadis. L’homme doit se protéger de lui-même, alors il s’impose des règles de bonne conduite. Ce sont les lois. Les lois des dieux n’ont plus assez d’influence, place à celles de l’homme. Chacun sa place, l’Église s’occupe de l’âme et de l’au-delà, l’homme s’occupe des mœurs sociales.

L’homme a conscience de détenir le pouvoir des dieux, il peut faire le bien ou le mal. Il sait qu’il peut donner la vie, et la reprendre. Il définit le bien et le mal. L’homme qui détient le pouvoir impose la morale aux autres hommes. Les dieux ne servent à rien.

Sixième étape, l’homme cherche à se justifier 
Au nom de la morale, du bien, du mal, l’homme entreprend des guerres, il essaie de prouver au reste du monde que son action est bonne pour l’humanité. Mais il arrive que plusieurs hommes veuillent le bien de l’humanité, mais pas de la même façon. L’homme a alors besoin d’argumenter, de se justifier. L’Église vient à l’aide de l’homme, l’homme réhabilite Dieu, l’homme agit au nom de Dieu.

Les dieux deviennent des marionnettes que les hommes dirigent. Les hommes agissent à la place des dieux, ils parlent à leur place.

Septième étape, le futur 
Soit, les dieux finissent par intervenir eux-mêmes, et ils remettent l’homme à sa place. 
Soit, les hommes de dieux rentrent en guerre avec les hommes qui n’ont pas de dieu. 
Soit, l’homme se rend compte qu’il n’est pas dieu à lui tout seul, mais qu’en fait Dieu est un ensemble dont il fait partie. Il doit alors redéfinir la morale, le bien et le mal, non pas pour lui-même, mais pour l’humanité, pour la vie, pour sa planète.

L’homme a toujours perçu Dieu comme une personne. À l’origine, les hommes de foi avaient dû comprendre que nous étions Dieu, que la fourmi était Dieu, que les fleurs étaient Dieu, mais comment expliquer à votre voisin que Dieu est un tout uni et composé d’une multitude de vies dont vous faites partie ? La tache est toujours impossible aujourd'hui, car nous subissons les dérives de siècles d’endoctrinement qui met l’homme au dessus de tout, et le pire, en l’individualisant. Alors peut-être un jour on se réveillera, on aura trouvé un but à la vie, à l’humanité, on se rendra compte qu’on aura besoin les uns des autres.

Il paraît que Dieu a créé le monde en six jours et que le septième, il s’est reposé. Il est temps que nous comprenions que ce fameux Dieu n’a pas créé ce monde pour nous, mais que nous en faisons partie ; il ne nous appartient pas. Si vous regardez dans la nature, il a peu de chance que vous puissiez trouver un signe du Créateur sur le concept du bien et du mal. La morale ne fait pas partie du monde, elle fait seulement partie de l’homme. Pensez-vous que l’arbre se pose des questions quand ses racines poussent et qu’elles fissurent le mur de votre maison ? Et vous, quand vous abattez cet arbre destructeur, est-ce que vous vous demandez si c’est bien ou mal ? La question qu’il faut se poser est plutôt la suivante : l’harmonie entre le mur de la maison et les racines de cet arbre n’est pas bonne, comment y remédier ? L’homme qui a construit la maison n’a pas pris en compte l’harmonie qu’il peut y avoir avec l’environnement. Nous avons alors le choix. Soit, nous imposons notre harmonie et il est possible que l’arbre n’en fasse pas partie, en tant qu’espèce dominante, nous détruisons l’arbre. Soit, nous décidons que nous voulons être en harmonie avec l’arbre et nous devons trouver un moyen de vivre en symbiose avec lui. Nous devons alors faire preuve d’une grande intelligence et d’une grande faculté d’adaptation.

Nous n’avons pas besoin de la morale, juste de l’intelligence pour nous rendre compte qu’il suffit de peu de choses pour vivre en harmonie avec ce qui nous entoure. De la tolérance, beaucoup de communication, pas d’a priori, de l’ouverture d’esprit, pas d’égoïsme, mais pas d’abnégation non plus, de la créativité, beaucoup de créativité, pas de tabous, seulement du bon sens, de l’observation, de l’écoute et puis tout ce que vous pourrez apporter, soyez créatif, pensez différemment.

Phyleas – 2004-2005



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